31 janv. 2018

"Wonder", Raquel Jaramillo Palacio


Editions Pocket Jeunesse (2017)

Genre : Jeunesse

Selon nous : A partir de 10 ans


Résumé :

"Je m'appelle August. Je ne me décrirai pas. Quoi que vous imaginiez, c'est sans doute pire."

Né avec une malformation faciale, August, dix ans, n'est jamais allé à l'école. Aujourd'hui, pour la première fois, ses parents l'envoient au collège... Pourra-t-il convaincre les élèves qu'il est comme eux ?









NOS AVIS



Cet article est un peu particulier. Il est composé de mon avis personnel du livre Wonder et de l'avis d'une lectrice et utilisatrice du forum Livraddict : n'hésitez pas à consulter son blog : Le Prisme

Nous avons décidé de réaliser une lecture commune et notre choix s'est tourné vers Wonder

Amandine :  ★★★★★

J'ai pris connaissance de ce livre grâce à la bande annonce du film qui est actuellement au cinéma. Également, c'est un livre qui a rencontré beaucoup de succès ces derniers temps. 

Dès les premières pages, je me suis sentie à l'aise avec la plume de l'auteur et les personnages. J’apprécie beaucoup l'utilisation de la première personne et je pense que pour une histoire comme celle-ci, c'est très important. En effet, le lecteur est directement plongé dans la vie d'un jeune garçon porteur de handicap. On ressent alors ses moindres émotions, on partage son quotidien, on évolue avec lui, de jour en jour.     

Au début, ce livre m'a rendu triste. Et bizarrement durant toute la durée de ma lecture j'avais peur. Je redoutais une fin terrible et j'essayai de m'y préparer . 

Wonder est un roman qui aborde et mélange de nombreux thèmes. On découvre l'intolérance,  parfois la méchanceté et le harcèlement dont peut être victime August. 
A certains moments c'est une lecture que j'ai trouvé difficile. La phrase qui figure sur la quatrième de couverture prend alors tout son sens : 


Wonder est un livre superbe. J'ai été émue aux larmes à plusieurs reprises. C'est un bel ouvrage sur l'humanité et la différence. Wonder nous fait apprécier les pouvoir de l'amitié, de l'amour et de la solidarité. En lisant on se sent parfois triste, parfois révolté mais surtout, l'histoire d'August nous redonne espoir. Wonder est un magnifique cocktail de sentiments profondément humains, et ça fait du bien !


Le Prisme : ★★★★★


Hey!
Je l'ai enfin lu: "Wonder" de R.J Palacio.


Il s'agit ici d'une lecture commune avec  Ysnay du blog Oxymore originel. Vous aurez son avis un peu plus bas, le lien de son blog aussi.


"Je m'appelle August.


Je ne me décrirai pas.


Quoi que vous imaginiez, c'est sans doute pire."


On s'était dit avec Ysnay, que pour une première lecture ensemble ça serait pas mal; un bestseller qui nous tardait de lire toutes les deux, et qui allait, en plus, sortir au cinéma.
Enfin bref, on s'est lancé.


Et pour ma part, j'ai A-DO-RÉ du début à la fin, Auggie est un personnage très mignon qui surmonte sa malformation avec bravoure, même si comme tout être humain il a des hauts et des bas.
J'ai beaucoup aimé sa manière de dédramatiser sa maladie, notamment avec de l'autodérision; il sait ce qu'il a  et ça ne l'affecte pas plus: il est ce qu'il est, point à la ligne.


Son train-train quotidien nous happe et l'on veut toujours en savoir plus; parce que non seulement Auggie est "différent", mais c'est aussi sa première rentrée à l'école, au collège en plus!


Au début, j'ai été un peu rebutée lorsque l'on a changé de point de vue, dans ma tête c'était "Non, Auggie! Rendez-moi les pensées d'Auggie!", il n'empêche que ça ajoute une autre dimension au livre et que c'est très plaisant.


En résumé: un livre tout mignon, bourré de sarcasme et d'humour, avec un des personnages les plus courageux. Ce livre nous apprend tant de choses, la tolérance en est un des exemples les plus évident. Après ma lecture, j'en suis ressortie toute chose.



28 janv. 2018

"Au Revoir Là-Haut" - Pierre Lemaitre

Chez : Le Livre de Poche (2015) 
Genre : Contemporain ; Roman Historique
Selon nous : A partir de 15 ans

Résumé : "Rescapés du chaos de la Grande Guerre, Albert et Edouard comprennent rapidement que le pays ne veut plus d'eux. Malheur aux vainqueurs ! La France glorifie ses morts et oublie les survivants. Albert, employé modeste et timoré, a tout perdu. Edouard, artiste flamboyant mais brisé, est écrasé par son histoire familiale. Désarmés et abandonnés après le carnage, tous deux sont condamnés à l'exclusion. Refusant de céder à l'amertume ou au découragement, ils vont, ensemble, imaginer une arnaque d'une audace inouïe qui mettra le pays tout entier en effervescence. Bien au-delà de la vengeance et de la revanche de deux hommes détruits par une guerre vaine et barbare, Au revoir là-haut est l'histoire caustique et tragique d’un défi à la société, à l'État, à la famille, à la morale patriotique responsables de leur enfer."














Anaëlle : ★★★★☆
Il faut bien l'admettre, je me suis laissée séduire par l'engouement général autour de ce roman, provoqué notamment par la sortie récente de son adaptation cinématographique. L'esthétique du film m'attirait énormément, mais j'avais toutefois envie de lire d'abord le roman dont il est tiré. C'est également le premier prix Goncourt que je lis ! 

A travers le récit de deux jeunes hommes rescapés de la Première Guerre Mondiale, Au Revoir Là-Haut aborde tout un tas de problématiques. Il faut cependant préciser que ce roman n'est pas un récit de guerre. En effet, celle-ci n'est pas le centre de l'histoire, l'intrigue se place dans un contexte d'après-guerre, dans un pays vainqueur, mais dévasté. Ainsi, sans être réellement présente, la Guerre est malgré tout, partout. Dans les cauchemars, dans les difficultés quotidiennes, dans la pauvreté, dans les opportunités, dans le business ... A travers ma lecture, j'ai réalisé que je n'avais, personnellement, jamais réfléchi au fait qu'après la Guerre Mondiale terminait, une autre guerre commençait pour les survivants, vaincus comme vainqueur. 

J'ai aimé le fait que le roman aborde certaines thématiques sociales, ou sociétales : la façon dont les gueules cassées, pourtant héros de guerre, sont mis à l'écart de la société, ou encore la façon dont les dégâts de la guerre ouvrent de la porte à de nombreux business en tout genre, comme la construction de monuments aux morts, de cimetières, la revente d'objets de défunts, etc ... Le marché du deuil, et de la mort, est véritablement lucratif, et l'auteur nous présente avec lucidité et cynisme des personnages prêts à saisir ces opportunités pour faire du profit, ou tout simplement pour survivre

Les personnages, justement, peuvent être tout aussi attachants que d'autres peuvent être détestables. Les deux personnages principaux, Albert et Edouard, sont émouvants, chacun à leur façon, et la relation qui les unit est à mes yeux, criante de réalisme, entre affection sincère, et imperfections. Ce roman puise également sa force dans la pertinence des personnages secondaires : le Général qui persécute Albert, la sœur et le père d'Edouard, chacun à leur façon donne de la profondeur au récit. J'ai particulièrement aimé la façon dont l'auteur traite les relations humaines entre chacun des personnages

J'ai personnellement beaucoup adhéré au style d'écriture du roman. Il se lit très facilement, et l'écriture est belle sans être lourde. Certains trouvent des longueurs au récit, et je peux le comprendre, mais ces passages longuets sont très - à mon sens - plutôt rares, et courts, il suffit de sauter quelques lignes pour revenir à l'action du roman. Par dessous tout, ce que j'ai aimé dans la façon d'écrire de l'auteur, c'est qu'il parvient à raconter une histoire que je trouve - avec le recul - particulièrement triste, sans pour autant rendre la lecture larmoyante. Au contraire, la tristesse de l'histoire ne m'est apparue qu'une fois le livre refermé, et le ton sarcastique de l'auteur m'aura fait sourire plus d'une fois durant ma lecture. 

C'est un excellent roman qui, je trouve, mérite son succès. 


"Voilà, pensa Edouard, vous donnez à un médecin militaire 
un type dont la trombine a été totalement écrabouillée par 
d'autres militaires, et il vous restitue un gnome tout à fait présentable."

- Edouard, à propos de la chirurgie réparatrice. 
Au Revoir Là-Haut, Pierre Lemaitre. 



14 janv. 2018

"Histoire de la Violence" - Edouard Louis

Chez : Le Seuil (2016) 
Genre : Contemporain ; Témoignage romancé 
Selon nous : A partir de 16 ans

Résumé : "J'ai rencontré Reda le soir de Noël 2012, alors que je rentrais chez moi après un repas avec des amis, vers quatre heures du matin. Il m'a abordé dans la rue et j'ai fini par lui proposer de monter dans mon studio. Ensuite, il m'a raconté l'histoire de son enfance et celle de l'arrivée de son père en France, son père qui avait fui l'Algérie. Vers six heures du matin, il a pris plusieurs de mes affaires, il a sorti un revolver et il a dit qu'il allait me tuer. Il m'a insulté, frappé, violé. Le lendemain les démarches médicales, policières et judiciaires ont commencé, qui, plus qu'elles ne réparent la violence, la prolongent et l'aggravent."
















Anaëlle : ★★★★☆
Ce roman est le deuxième de l'écrivain Edouard Louis. J'ai lu le premier En finir avec Eddy Bellegueule il y a quelques années, et j'avais été profondément marquée par son écriture, et son récit. C'était un roman brutal, objet de nombreuses polémiques à l'époque.

Ce roman ne fait pas exception. Ici, Edouard Louis raconte une nuit de drame, partagée entre moments de tendresse, et moments d'horreur. Il retrace l'histoire de cette nuit de Noël, où il fut agressé, violé, dans son propre appartement, ainsi que les jours pénibles qui suivirent. L'auteur aborde ces thématiques pénibles à travers une construction originale, et puissante : l'histoire est racontée par sa sœur, tandis que le personnage d'Edouard Louis l'écoute raconter les faits à son mari, caché derrière une porte. Son récit est ponctué par les interventions d'Edouard Louis lui-même.

Je peux sans aucun doute dire que j'ai aimé ce livre à bien des égards.
Si le livre semble être écrit comme une tentative de résilience, Edouard Louis propose une véritable analyse des événements, de l'agression, et de son traumatisme, et pose un regard à la fois lucide et personnel.

La combinaison des récits du narrateur et de sa sœur offre différents points de vue sur ce qui s'est passé, et cela nous permet de relativiser nous-même le récit. Les deux narrateurs se contredisent parfois l'un l'autre, et cela nous rappelle que la parole de l'un comme de l'autre est subjective, et qu'il n'y a pas de vérité absolue. Leur enfance est évoquée, ainsi que celle de l'agresseur d'Edouard Louis.

L'auteur tente de proposer une explication à cette violence, en cherchant des réponses dans le parcours de son agresseur. Il aborde les thématiques de l'émigration, du racisme, ou encore de la misère. Dans son premier roman, déjà, on trouvait l'aspect sociologique de son analyse, que j'ai retrouvé avec plaisir ici.

Certains ont été gênés par l'aspect nombriliste du récit, tant sur le fond que sur la forme. On a beaucoup reproché à Edouard Louis de se "regarder écrire", de "s'écouter parler". J'admets volontiers que le narrateur/auteur peut parfois sembler égocentrique, ou ingrat, mais cela ne m'a pas dérangé pour plusieurs raisons. D'une part, je considère que l'auteur/narrateur est un être humain, et qu'au vu du caractère autobiographique du roman, c'est à nous de relativiser ses propos, et de ne pas se fier aveuglément à un narrateur subjectif, notamment lorsqu'il parle de sa famille. Il est également plutôt cohérent d'imaginer que comme chacun, il a ses défauts.

Pour résumer, ce roman m'a énormément touché. J'ai été très admirative de sa capacité à prendre du recul sur les événements, et j'ai été totalement happée par son écriture, toujours aussi parlante, et poignante.